de Howard Barker, présenté du 29 janvier au 17 février 2011
dans le stationnement souterrain du Marché Jean-Talon, Montréal
Judith, c’est cette jeune veuve de Béthulie qui, pour sauver sa ville assiégée par la redoutable armée assyrienne, va se rendre dans le camp ennemi, séduire le général Holopherne et lui trancher la tête pendant son sommeil, provoquant la déroute de son armée. Revisitant cet épisode biblique, Howard Barker brouille la frontière entre héroïsme et barbarie, questionnant le rapport entre l’être (son corps, ses désirs, sa soif d’absolu) et ce qui dicte ses actes (l’idéologie, la religion, le sens du devoir). Barker explore la complexité des personnages du mythe, inscrivant le geste de Judith dans un contexte riche d’enjeux avoués et inavouables.
Judith (l’adieu au corps) nous plonge dans l’antre de Holopherne, la veille de l’attaque. Judith tente de séduire le général pour accomplir sa tâche héroïque, mais ce dernier semble indifférent à ses charmes. En cette nuit qui précède la bataille, Holopherne n’a qu’un seul désir : parler de la mort. Il menace de mettre Judith à la porte, mais étrangement ne la force pas à partir. Il lui demande plutôt d’enlever ses vêtements, tout en se questionnant sur l’essence de la guerre. S’ensuit un mystérieux combat de mots, de regards et de silences, dans lequel Judith et Holopherne se mesurent l’un à l’autre. Cherchant à se désarmer, ils s’entraînent mutuellement dans un envoûtement vertigineux. Le désir fissure la volonté de Judith, alors que Holopherne s’abandonne dans ses bras… Un duel troublant, dans lequel les spectateurs sont invités à plonger, en se glissant dans les entrailles d’un lieu propice à la tragédie.
Né en 1946 à Dulwich en Angleterre, Howard Barker est l’une des voix les plus percutantes du théâtre britannique contemporain. Auteur d’une cinquantaine de pièces dont Gertrude (Le cri), Tableau d’une exécution et Possibilités, Barker est également peintre, poète, théoricien du drame et metteur en scène. Il a été associé au théâtre politique du Royal Court de Londres, comme Edward Bond et David Edgar, avant de fonder en 1987 sa compagnie “The Wrestling School”. La dramaturgie de Barker, nourrie à celle de Brecht et de Shakespeare, s’attache à fonder une conception moderne de la tragédie où s’expriment la complexité des êtres, leur façon de se débattre avec les mouvements de l’Histoire et avec les valeurs morales dominantes. Dans ses pièces, Barker fouille l’âme humaine dans ce qu’elle a de terrifiant et de magnifique, ballottée entre le rationnel et l’irrationnel.
Assistance à la mise en scène et régie
– Audrey Wyszinski
Direction de production – Élyse Vézina
Composition musicale – Jimmie Leblanc
Scénographie – Angela Rassenti
Costumes – Fruzsina Lanyi
Éclairages – Stéphanie Raymond
Communications et adjointe à la production
– Kathleen Aubert
Direction technique – Michaël Fortin
Chef électrique – Christian Blais
Conseiller artistique- Éric O. Lacroix
Relations de presse – Valérie Grig
Graphisme – Catherine Parent
Crédits photo : Maxime Côté