Fondé en 2003, le Théâtre à corps perdus est né d’un désir : évoquer ce dont on n’ose parler. Nos créations explorent les zones troubles de notre humanité. S’inscrivant dans une quête de sens et d’identité, notre démarche prend forme au contact de paroles d’auteurs contemporains, d’ici et d’ailleurs. Les écritures qui nous interpellent questionnent la forme pour traduire le réel de façon sensible, audacieuse, percutante.
Immersifs, nos spectacles interpellent les sens, s’adressant à la conscience mais aussi à l’inconscient. Nous explorons autant le sens des mots que la manière dont ils s’inscrivent dans le corps de l’acteur et la façon dont ce dernier, à son tour, s’inscrit dans l’image scénique.
Questionnant le rituel de la soirée théâtrale, nous jouons sur le décalage par rapport aux horizons d’attentes, cherchant à «déplacer» le spectateur. Nos créations entremêlent réel et fiction, afin de provoquer des expériences théâtrales intimes, envoûtantes et troublantes.
La création in situ est l’un des pôles de notre démarche. Chargés d’histoire, d’une âme et d’une valeur symbolique, l’architecture et l’espace façonnent l’expérience proposée au spectateur. Dans un contexte où le virtuel est en constante expansion, fixer des rendez-vous théâtraux urbains hors des murs d’un théâtre invite au voyage. Se glisser dans un lieu ancre la représentation plus solidement dans les sensations, la rencontre, le présent.
Le Théâtre à corps perdus est un espace de dépassement, au sein d’un noyau de création qui prend de temps de chercher, sortir des chemins battus, prendre des risques , oser rêver ensemble.
À l’aube de son 15e anniversaire, l’équipe du Théâtre à corps perdus s’active avec une énergie contagieuse à concocter trois nouvelles créations.
C’est avec un immense plaisir que je vous invite à nous suivre dans ce cycle in situ.
Geneviève L. Blais
directrice artistique et générale
Face au cynisme ambiant et aux utopies malmenées, j’ai eu envie d’une série de spectacles sous forme d’élans qui mobilisent et ouvrent des possibles. J’ai ressenti l’urgence de sonder les désirs qui nous mettent en mouvement ainsi que les peurs qui nous paralysent. Ce cycle a pris forme autour de figures féminines traversées de vertiges qui chamboulent leurs certitudes et leurs repères, les confrontant à ce qu’elles n’osent s’avouer. Des parcours au creux de la nuit où font irruption des flammèches éclairant des sentiers insoupçonnés.
Ces Nocturnales se déclineront en trois temps :
La création de Nocturnales est rendue possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts du Canada ainsi que du Conseil des arts de Montréal.
Fondé en 2003 par Geneviève L. Blais, le Théâtre à corps perdus est une compagnie de création à but non lucratif regroupant des artistes montréalais.
THÉÂTROGRAPHIE
Local/Unit B-1717 s’inscrit en continuité du dialogue que nous poursuivons avec l’auteure Erin Shields, dont nous avons monté Si les oiseaux, en 2015 dans la salle principale du Théâtre Prospero. Cette tragédie contemporaine retraçait le terrible destin de deux sœurs, Procné et Philomèle, la plus jeune broyée par une agression aussi terrible qu’inattendue, entraînant un effroyable acte de vengeance de son aînée. Inspirée des Métamorphoses d’Ovide, leur histoire s’entrelace aux témoignages d’un chœur de femmes-oiseaux ayant survécu aux atrocités de différents conflits armés du XXe siècle où le viol est utilisé comme arme de guerre. Des voix qui s’unissent pour briser le silence, dans un élan pour tenter de redéployer leurs ailes.
L’une des productions marquantes de notre parcours a été Himmelweg de Juan Mayorga, présentée en septembre 2014 sous forme de parcours théâtral dans les dédales d’un ancien théâtre Art déco des années ’40, le Ciné-Théâtre Le Château. Questionnant la lucidité de notre regard sur le réel, la pièce nous plonge dans l’une des machinations les plus spectaculaires de notre siècle, une étrange visite guidée orchestrée par les Allemands dans le camp de Terezin pendant la 2e Guerre, véritable jeu de mensonges et d’illusions. Au fil du parcours, une question résonne : sommes-nous victimes du spectacle que l’on nous propose, ou de notre propre aveuglement? Présentée à guichets fermé pour ses 17 représentations, la production a été mise en nomination pour 4 prix au Gala de Carte Première (Cochons d’or) et a reçu le prix de Meilleur interprète (Alain Fournier) et celui de Costume (Fruzsina Lanyi).
Empreintes, présentée à La Chapelle en 2013, était tirée de témoignages et d’extraits de L’Événement d’Annie Ernaux. Sept voix de femmes s’y entrecroisaient, témoignant des petits et grands ébranlements provoqués par une grossesse non désirée. L’avortement comme face à face avec soi-même. Un événement ancré dans le corps, comme si les ventres de ces femmes devenaient translucides, révélant leurs fluctuations intimes face à une intervention rarement vécue comme un simple curetage.
Continuant à explorer le cadre dans lequel s’inscrit l’expérience théâtrale, nous avons présenté Judith (l’adieu au corps) en février 2011 dans un stationnement souterrain, celui du Marché Jean-Talon à Montréal. Nous avons invité les spectateurs dans les entrailles de ce lieu propice à la tragédie pour qu’ils prennent part au duel troublant proposé par Howard Barker, questionnant la frontière entre héroïsme et barbarie.
Notre questionnement sur le rituel de la représentation nous a conduit à créer un spectacle entremêlant réel et fiction intitulé Blanc, d’après une pièce d’Emmanuelle Marie. Présenté à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier en janvier 2008, cette pièce mettait en scène deux sœurs au chevet de leur mère, accompagnées de douze femmes ayant véritablement perdu leur mère qui venaient témoigner de ce qu’elles ont vécu. Au-delà de la douleur, de l’impuissance et des questions sans réponse, cet affrontement avec la mort de celle qui leur a donné la vie était une rencontre autour du silence de l’indicible.
Désirant mettre en scène la soif de rêve, de risque et d’absolu qui sont au cœur du roman Les Châteaux de la colère de Alessandro Baricco, nous en avons créé une adaptation théâtrale qui a été présentée à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier en avril 2006. Nourrie de la colère d’une putain qui tente de fuir sa dure réalité, cette fugue dans le monde imaginaire de Quinnipak était un chassé-croisé vertigineux de personnages extravagants, un peu fous, qui ont l’infini dans les yeux.
Nous avons ensuite créé Combats, un collage de quatre courtes pièces contemporaines mettant en scène nos combats contemporains et la troublante réalité de la guerre qui ne peut nous laisser indifférents. Poursuivant notre exploration du lieu non-théâtral, nous avons donné rendez-vous au public en mai 2005 dans une piscine abandonnée, le Bain St-Michel, les invitant à plonger dans cette énorme fosse vide pour un corps à corps avec la guerre, la survie, la noirceur et la lumière.
Le spectacle inaugural du Théâtre à corps perdus a été Quelques éclats de verre, une adaptation libre de Grand et petit de Botho Strauss. Présentée au Bar le 980 en avril 2004, cette pièce de danse-théâtre mettait en scène une femme dont la vie éclate, qui cherche refuge dans un bar. Désirant parler de la solitude et de la soif de contact telles qu’elles sont vécues ici et maintenant, nous avons convié les spectateurs dans un vrai bar, lieu du désir et des débordements du corps.
Animée du désir d’orchestrer des expériences théâtrales impressionnistes, Geneviève L. Blais fonde en 2003 le Théâtre à corps perdus, avec des complices rencontrés dans le cadre de sa formation en mise en scène à l’École nationale de théâtre. Au sein de cette compagnie, elle conçoit et met en scène Quelques éclats de verre (Bar Le 980, 2004), Combats (Bain St-Michel, 2005), « Les Châteaux de la colère (Salle Fred-Barry, 2006), Blanc (Salle Fred Barry, 2008) et Judith, l’adieu au corps (Stationnement du marché Jean-Talon, 2011). Elle a également mis en scène deux courtes pièces d’auteures québécoises : Chevreuil de Catherine Léger (Festival L’Écho d’un fl euve, 2010) et Portrait d’une vie rêvée de Dominick Parenteau-Lebeuf (Festival d’Innovation théâtrale de l’Assomption, 2005). À l’automne 2012, elle a dirigé un laboratoire d’écriture scénique en complicité avec la traductrice Maryse Warda et une équipe de dix comédiens, autour de la pièce If We Were Birds d’Erin Shields, dans le cadre d’une résidence de création au Gesù.
Le théâtre est pour elle un espace de recherche et de rencontres. Elle cherche à approfondir son processus d’écriture scénique en suivant différents stages, notamment avec Ariane Mnouchkine à Paris, Anne Bogart à New York, et Jean-Guy Lecat, scénographe de Peter Brook.
Consultant en scénographie et architecte EPFL, Éric Olivier Lacroix est diplômé de l’École d’Ingénieurs de Genève et de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse). Dès son arrivée à Montréal en 1990, il a travaillé au sein de diverses firmes de design et d’architecture et enseigné la scénographie à l’École nationale de théâtre. Après avoir œuvré chez Trizart, Go multimédia et au Cirque du Soleil (Complexes Cirque) il s’est spécialisé dans la conception et la réalisation d’espaces à vocation culturelle.
Parallèlement à cette pratique, il a participé à titre de concepteur ou de collaborateur artistique à la scénographie de plusieurs projets théâtraux et muséaux. Impliqué depuis la création du Théâtre à corps perdus, il agit en tant que directeur des communications ainsi que comme conseiller artistique.
Dès sa sortie de l’École Nationale de Théâtre en 2003, Fruzsina a participé à de multiples activités dans le domaine des arts de la scène. Elle s’est impliquée au sein de l’équipe du Théâtre à corps perdus dès la fondation de la compagnie, signant la conception des costumes de Quelques éclats de verre, Combats, Châteaux de la colère, Blanc (scénographie et costumes) et Judith ( l’adieu au corps). Passionnée par les costumes, la scénographie, la mode et la fabrication de masques, elle a fait la conception de costumes de Vingt mille lieues sous les mers, Dr Jekyll et Mr Hyde, Ma femme, c’est moi (m.e.s. Jean-Guy Legault), de Cendre (m.e.s. Jeremie Niel), de Amuleto (m.e.s. Catherine Vidal) des derniers spectacles du du Théâtre de l’Utopie et du Talisman Theater. Elle a également signé la conception visuelle des spectacles Histoire de famille (m.e.s. Cristian Popescu), La dernière nuit de Socrate (m.e.s. Peter Batakliev), et Gros-Câlin (m.e.s. Pascal Contamine).
Parallèlement, elle œuvre au cinéma dans son pays natal, la Hongrie. En 2009, elle a reçu le prix du meilleur décor au 40ième Festival du Film de la Hongrie. Dernièrement, elle a travaillé sur une pièce de Howard Barker mise en scène par Tim Caroll, dans un théâtre renommé à Budapest. Pour Fruzsina, le théâtre est un domaine d’inspiration, d’échanges et d’apprentissage à multiples facettes.
Symon Henry travaille sur différents projets abordant la création (composition, interprétation, improvisation), la réflexion esthétique et la poésie. Il s’intéresse tout particulièrement aux frontières entre le musical et d’autres formes d’art telles que le théâtre, l’installation ou la performance, entre autres avec le collectif Projet K, dont il est membre fondateur. Son premier recueil de poésie, son corps parlait pour ne pas mourir, ainsi que son premier livre de partitions graphiques, voir dans le vent qui hurle les étoiles rire, et rire, sont parus en 2016 aux Éditions de la Tournure. Son travail visuel a fait l’objet d’expositions chez Gham & Dafe, au Livart, à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal ainsi qu’au Palazzo Ducale di Lucca. Il s’est joint à l’équipe du Théâtre à corps perdus en 2015.
Président
Éric Olivier Lacroix, architecte scénographe
Vice-présidente
Nicole Sauvageau, chargée de programmation à la Direction des programmes de Télé-Québec
Secrétaire
Jean Gagnon Doré , chargé de projet en communications et philantropie
Trésorière
Geneviève L. Blais, metteur en scène
Administratrice
Jasmine Larichelière, avocate